Métro
Tous ces gens dans le métro
Presque beaux, un peu bavards,
Petites taches sur un buvard,
Constellation de demi-mots.
Tous ces visages dans le métro
Teints blafards et front haut,
Yeux fuyants au triste fard,
Regards hagards ou goguenards,
Qui s’égarent
Sur les gares.
Ces grandes bouches dans le métro
Un peu trop blanches, toujours avares,
Ces lèvres roses aux sourires rares,
Qui embrassent sans aimer,
Qui aspirent sans respirer.
Et ce silence dans le métro
Comme un tissu tendu
Sur des lèvres cousues
Tel un fardeau, tel un foulard
Enroulé autour des cous nus,
Comme un tissu qui nous sépare
De ce qui doit être connu.
Le va-et-vient des âmes perdues
Dans le métro,
Abandonnées à la décru
Des souffles rauques.
Et ces milliers de cœurs dans le métro
Qui battent et qui palpitent
Comme les pas se précipitent
Dans les couloirs.
Et ces rails innombrables
Déployant leur galaxie souterraine,
Semblable au circuit bleu de nos veines
Dans nos grands corps malades.
Ce grand corps du métro
Presque beau, un peu froid,
Tissant sa toile de nervures
Sous le sol froid et dur.
02-03-2010