Métro

Publié le par Lukas

Tous ces gens dans le métro

Presque beaux, un peu bavards,

Petites taches sur un buvard,

Constellation de demi-mots.

 

Tous ces visages dans le métro

Teints blafards et front haut,

Yeux fuyants au triste fard,

Regards hagards ou goguenards,

Qui s’égarent

Sur les gares.

 

Ces grandes bouches dans le métro

Un peu trop blanches, toujours avares,

Ces lèvres roses aux sourires rares,

Qui embrassent sans aimer,

Qui aspirent sans respirer.

 

Et ce silence dans le métro

Comme un tissu tendu

Sur des lèvres cousues

Tel un fardeau, tel un foulard

Enroulé autour des cous nus,

Comme un tissu qui nous sépare

De ce qui doit être connu.  

 

Le va-et-vient des âmes perdues

Dans le métro,

Abandonnées à la décru

Des souffles rauques.

 

Et ces milliers de cœurs dans le métro

Qui battent et qui palpitent

Comme les pas se précipitent

Dans les couloirs.

 

Et ces rails innombrables

Déployant leur galaxie souterraine,

Semblable au circuit bleu de nos veines

Dans nos grands corps malades.

 

Ce grand corps du métro

Presque beau, un peu froid,

Tissant sa toile de nervures

Sous le sol froid et dur.

 

 

 

 

02-03-2010

Publié dans Poésie

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